Speech Spidla: "EU, ILO en globalisering: gemeenschappelijke perspectieven" (fr)
Vladimir Spidla
Membre de la Commission européenne, chargé de l'Emploi, des Affaires sociales et de l'Egalité des chances
L' Europe, l'OIT et la mondialisation : perspectives communes
Réunion informelle des ministres du travail et des affaires sociales de l'UEGenève, 9 juin 2005
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis de l'initiative prise par le BIT et la présidence luxembourgeoise d'organiser cette réunion. Le renforcement de la dimension sociale de la mondialisation et la promotion du travail décent exigent en effet une plus grande cohérence entre les actions menées par l'OIT, les institutions européennes, les Etats membres de l'UE, les partenaires sociaux et les autres organisations multilatérales.
La note d'information préparée par le BIT pour cette réunion souligne la convergence des objectifs entre l' UE et l'OIT : l'emploi et le travail décent pour tous apportent une contribution essentielle au développement durable et à l'éradication de la pauvreté. Nous devons maintenant nous appuyer sur cette convergence pour développer des stratégies et des initiatives concrètes.
En effet, ces questions sont encore insuffisamment prises en compte dans le cadre multilatéral. La Commission européenne, ainsi que le Conseil, estime ainsi que le Sommet de Septembre des Nations Unis sur la Déclaration du Millénaire devrait renforcer le rôle de l'emploi productif et du travail décent pour tous.
La Commission Européenne estime également que la politique extérieure de l'Union devrait mieux intégrer la gouvernance sociale, l'emploi et le travail décent. Par exemple, Juan Somavia et mon collègue chargé du Commerce, Peter Mandelson, ont organisé le vingt-six mai dernier un forum qui va approfondir la coopération en matière d'analyse de l'impact du commerce sur l'emploi et la situation sociale, et en matière de la promotion des droits sociaux fondamentaux et du travail décent dans les accords et politiques commerciaux.
La gestion du changement et des restructurations a été un thème important de ce séminaire, et elle est au cour de notre réunion d'aujourd'hui.
Dans une économie moderne, libre et ouverte, les restructurations sont normales - elles permettent à l'économie de se désengager d'activités moins productives, et de se renforcer dans des secteurs porteurs.
Dans le passé, l'Europe a restructuré ses industries minière, sidérurgique, automobile et textile. Sans ces efforts, douloureux pour les travailleurs et les communautés concernés, il n'y aurait sans doute plus aucune production européenne dans ces secteurs.
Ainsi, chaque année, dix pour cent (10 %) des entreprises européennes naissent ou disparaissent. Chaque jour, dans chaque Etat Membre, cinq mille (5000) à quinze mille (15000) emplois sont créés ou supprimés.
Aujourd'hui, la combinaison de la mondialisation et des technologies de l'information entraîne des changements plus rapides et profonds que dans le passé. Cette combinaison transforme la « chaîne de production de valeur », en lui donnant une dimension planétaire qu'elle n'a jamais eu auparavant. Ce mouvement a deux grandes conséquences qui sont bien décrites par le document de travail de cette conférence :
La production de biens et de services devient le résultat d'un réseau de fournisseurs à l'échelon mondial. On entre ainsi dans l'ère de l'entreprise sans usine, et la mondialisation accélère fortement ce processus.
Grâce à ces technologies, aussi, ce ne sont plus seulement les activités manufacturières qui peuvent être implantées partout sur la planète, ce sont aussi des activités de services, y compris avec un contenu intellectuel. Là aussi, la mondialisation accélère le processus, ce qui engendre souvent un sentiment d'inquiétude et de ressentiment dans nos pays.
Nous devons d'abord permettre à l'Europe d'être plus attrayante pour l'investissement et le travail, et investir dans l'éducation et la formation, afin de permettra la création d'emplois plus qualifiés. Mais ce sont là des actions dont le résultat sera visible à long terme.
Nous devons donc inventer des formes nouvelles, efficaces et flexibles d'accompagnement des restructurations à l'échelle de notre continent.
Les fonds structurels participent déjà au financement de nombreuses opérations. Ainsi, le Fonds Social Européen joue aujourd'hui un rôle très important en soutenant des actions concrètes de formation et de reconversion bénéficiant aux travailleurs et aux régions concernés. Son intervention à l'occasion de la fermeture de Rover en a été un exemple.
La Commission a proposé d'aller plus loin dans la future période de programmation, qui ira de deux mille sept à deux mille treize. J'espère que nous parviendrons bientôt à un accord sur ce sujet.
Une autre réponse est de renforcer la complémentarité des outils et des politiques communautaires. Nous avons besoin de mettre en ouvre une approche cohérente et intégrée entre les différentes politiques concernées.
Je viens de créer un « Forum européen des restructurations », où sont représentés tous les acteurs : Commission, Parlement européen, gouvernements, pouvoirs publics locaux, partenaires sociaux.
Ce Forum est chargé de suivre régulièrement les évolutions en matière de restructurations et d'établir une « base de connaissance », car les réalités concrètes derrière les délocalisations demeurent mal connues. Il contribuera aussi à la définition d'objectifs et à l'accompagnement des initiatives communautaires.
Par ailleurs, les partenaires sociaux doivent s'engager davantage, à bâtir des partenariats permettant de mieux anticiper et de gérer plus efficacement les restructurations.
Les directives communautaires en matière d'information et consultation des travailleurs ont ici un rôle fondamental à jouer. Dans les entreprises de dimension communautaire, sept cent cinquante (750) comités d'entreprise européens couvrent plus de treize (13) millions de salariés.
Toutes ces réponses contribuent à créer de nouvelles opportunités de « travail décent » en Europe. Elles doivent être développées en étroite cohérence avec des initiatives impliquant nos voisins et nos principaux partenaires.
J'attends beaucoup, dans ce contexte, de l'élaboration de « programmes nationaux de travail décent », comme le propose l'OIT. Ils seront l'occasion de développer une coopération avec les pays concernés, en utilisant l'expertise du BIT et en s'appuyant sur la politique commerciale et de coopération de l'Union.
C'est ainsi que nous contribuerons à créer une mondialisation plus équilibrée.